Survie en milieu hostile (Erick - Rekha)

J'étais perchée sur l'une des plus hautes branches de l'arbre de la cour, mon attention prisonnière d'un roman. Le sujet était loin de paraître passionnant, au premier abord, mais au second mon opinion avait radicalement changé. Il s'agissait plus d'un guide que d'un roman. Un roman suggère la fantaisie, la fiction ou autre -à vrai dire, je ne sais guère lire (très mal, du moins) et ma culture littéraire est donc assez peu développée.. alors peut-être était-ce plus un roman qu'un guide ? – or ce que je lisais, ou plutôt regardais car il n'y avait pratiquement que des images illustrant des propos que je ne pouvais saisir, décrivait de nombreuses méthodes de survie en milieu hostile. Je n’imprégnais de toutes ces informations, confortablement installée sur ma branche. L'atteindre n'avais pas été si difficile, d'ailleurs, l'escalade en général ne m'était guère difficile. Mes ongles, très solides -vive la génétique- étaient une arme redoutable pour cette tâche, il me suffisait de les enfoncer dans l'écorce et de grimper, bien agrippée à chaque prise. En revanche, j'avais dû abandonner mes chaussures à terre, car si elles étaient très pratiques pour courir, elles l'étaient beaucoup moins pour escalader.
De là où j'étais, tout me semblait beaucoup plus calme et je pouvais penser à ma guise ou dévorer n'importe quel livre déniché dans la très sélective bibliothèque de l'Institut. Oh, je n'y comprenais jamais rien ! Mais la forme forme des lettres, les illustrations, l'odeur et le bruit des pages que l'on tourne... captivant !
Soudain, je perdis l'équilibre. Le livre m'échappa des mains et s'écrasa au sol. Je ne cherchais même pas à le rattraper, bien trop occupée à me cramponner à ma branche pour retrouver une certaine stabilité. Me briser le cou contre les pavés de la cour à cause d'une stupide chute ? Non merci ! J'étais complètement déboussolée, les battements de cœur paniqué résonnaient dans mes oreilles. Je ne m'attendais pas du tout à cette soudaine secousse. J'aurais pu me blesser très gravement, ou me tuer ! Ce n'est pas ça qui m'empêcherait de grimper aux arbres, mais sur le coup, j'eus très peur. Je jetais un coup d’œil vers le bas. Il y avait quelqu'un, une petite fille ? Elle avait des cheveux courts, blancs et se frottait le crâne. Je ne pouvais pas voir son expression, d'ici. Elle devait avoir percuté l'arbre. Elle l'avait alors percuté très violemment pour faire trembler jusqu'aux plus hautes branches.
Je la regardais encore un instant avec curiosité, mon livre complètement oublié. Elle s'était peut-être fait mal. Je commençais à descendre, prudemment, silencieusement. Je posais pied à terre, de l'autre côté du tronc où elle était. La fille ne m'avait toujours pas remarquée. J'hésitais quelques instants puis posais ma main sur son épaule :

« - Eh, ça va ? »